Entre guerre commerciale, surtaxes imprévues et précommandes suspendues, le lancement de la Switch 2 aux États-Unis prend une tournure inattendue. Face à la menace tarifaire, Nintendo multiplie les stratégies pour éviter une flambée des prix. Une tension logistique et politique qui pourrait tout changer pour sa nouvelle console.
Switch 2 : pourquoi son prix pourrait exploser aux États-Unis
Le lancement de la Switch 2 s’annonce sous haute tension. Tandis que la console fait sensation lors des démonstrations publiques, Nintendo doit composer avec les aléas d’un contexte commercial international instable, notamment lié à l’évolution des tarifs douaniers imposés par les États-Unis. Reste à savoir si Big N saura éviter la carapace bleue avant la ligne d’arrivée.
Switch 2 : une présentation ambitieuse entachée par les critiques sur les prix
Prévue pour le 5 juin 2025, la Switch 2 s’est récemment révélée à travers plusieurs démonstrations lors des journées Treehouse Live. L’événement a permis d’apercevoir des titres exclusifs tels que Mario Kart World, Metroid Prime 4: Beyond, ou encore une version optimisée de The Legend of Zelda: Breath of the Wild. La console a été saluée pour ses performances renforcées, particulièrement une meilleure fluidité, de nouveaux Joy-Con et une compatibilité accrue avec les services en ligne de la marque.
Le prix annoncé de 449,99 dollars (ou 469,99 euros en Espagne) a toutefois suscité une réaction immédiate. Durant les diffusions en direct, une part importante du public a exprimé son mécontentement, réclamant une baisse. Des analystes interrogés par GamesRadar expliquent que ce tarif reflète l’inflation ainsi que la hausse des coûts de production. Joost van Dreunen, spécialiste de l’économie vidéoludique, indique que Nintendo a probablement intégré une marge de précaution pour anticiper les hausses tarifaires liées aux droits de douane.
En comparaison avec des concurrents comme la PS5 Pro (700 dollars) ou certains PC portables vendus autour de 550 dollars, le prix de la Switch 2 est jugé « relativement raisonnable » par certains experts. Pourtant, cela ne suffit pas à apaiser les inquiétudes. Le coût des jeux, en hausse également certains atteignant les 80 dollars, alimente les critiques. D’anciens responsables de Nintendo of America, Krysta Yang et Kit Ellis, rapportent que l’entreprise aurait mis en place une cellule de crise afin de répondre à ces réactions négatives et préparer une communication sur la structure des coûts.
Incertitudes tarifaires et stratégie d'approvisionnement anticipée
Au-delà des questions de réception publique, la Nintendo Switch 2 est confrontée à une problématique plus structurelle : les droits de douane imposés par l’administration américaine. Si la firme avait initialement déplacé une partie de sa production au Vietnam et au Cambodge pour contourner les taxes visant la Chine, les évolutions récentes de la politique commerciale des États-Unis ont changé la donne.
En effet, de nouveaux droits de douane atteignant 46 % pour le Vietnam et 49 % pour le Cambodge ont été annoncés. Pour le moment, une pause de 90 jours dans l’application de ces mesures permet à Nintendo de maintenir son plan de lancement. Selon des données publiées par Adrenaline et issues de l’organisme NBD, l'entreprise Switch a massivement accru ses expéditions vers les États-Unis. En février 2025, 725 000 unités produites au Vietnam ont été livrées, sur un total de 785 700.
Cette stratégie vise à constituer un stock tampon avant l’éventuelle fin de la trêve tarifaire, attendue pour début juin. Dans une interview à Wired, Doug Bowser, président de Nintendo of America, reconnaît que la situation constitue un « défi » et admet que l’entreprise devra « s’y confronter ». La suspension temporaire des précommandes aux États-Unis reflète cette prudence. Si les droits de douane atteignent effectivement les niveaux évoqués, l’analyste Robin Zhu estime que la société de la console devra augmenter ses prix de 50 à 100 dollars, faute de pouvoir absorber la totalité du surcoût dans ses marges.
La stabilité du prix de lancement semble donc assurée uniquement à court terme, laissant planer une incertitude sur la viabilité économique du modèle actuel une fois les nouvelles mesures en vigueur.