Et si une batterie pouvait à la fois fournir de l’électricité et éliminer les polluants les plus tenaces de l’industrie textile ? C’est le pari réussi de chercheurs indiens, qui dévoilent une technologie capable de produire du peroxyde d’hydrogène tout en stockant de l’énergie. Une avancée aussi inattendue que prometteuse.
une batterie qui purifie les eaux usées : une révolution énergétique en Inde

Une équipe de chercheurs de l’Indian Institute of Science (IISc) a mis au point une batterie innovante qui combine production d’énergie et traitement des eaux usées. En réinventant la chimie des batteries zinc-air, les scientifiques parviennent à générer du peroxyde d’hydrogène (H₂O₂) au cours du cycle de décharge. Cette solution apporte une double réponse aux besoins en stockage d’énergie et à la dépollution industrielle, en particulier dans le secteur textile. Elle repose sur une conception sans métaux précieux ni émissions carbone.
Une batterie zinc-air adaptée à la production de peroxyde d’hydrogène
La batterie développée repose sur la technologie zinc-air, connue pour son faible coût et sa densité énergétique élevée. Elle fonctionne en utilisant du zinc métallique comme anode et l’oxygène ambiant comme cathode. L’innovation repose sur une modification du mécanisme de décharge, qui permet de générer du H₂O₂ au lieu de produire simplement de l’eau. Cette transformation est rendue possible par l’utilisation d’un catalyseur à base de carbone modifié, sans métaux, ce qui réduit les coûts et l’impact environnemental.
Contrairement au procédé anthraquinone conventionnel, cette méthode ne nécessite pas d’apports énergétiques importants ni de catalyseurs comme le platine ou le palladium. Le résultat est un processus propre, utilisant des ressources abondantes comme le zinc, largement disponible en Inde et compatible avec une production à grande échelle. D’après le professeur Aninda J. Bhattacharyya, cette solution est à la fois « durable, peu coûteuse et hautement économe en énergie ».
Un système duale pour la dépollution des effluents textiles
L’un des apports majeurs de cette batterie est sa capacité à traiter les eaux usées en générant du peroxyde d’hydrogène, un agent oxydant reconnu pour ses propriétés désinfectantes. Pour démontrer cette fonctionnalité, les chercheurs ont introduit des colorants synthétiques toxiques, fréquemment présents dans les rejets d’usines textiles, dans le système de test. Le peroxyde d’hydrogène formé provoque une décoloration visible, signe de la dégradation progressive des polluants.
Selon le doctorant Asutosh Behera, le H₂O₂ produit se décompose ensuite en radicaux hydroxyle et superoxyde, capables de détruire les molécules organiques complexes contenues dans les effluents industriels. Cette potentialité à conjuguer stockage d’énergie et assainissement chimique en fait une technologie pertinente pour les zones rurales ou hors réseau, où les infrastructures sont limitées. L’approche ouvre aussi des perspectives dans la stérilisation médicale et le traitement de l’eau à petite échelle.