Un laser aussi puissant qu’un million de centrales nucléaires, capable de recréer les conditions de l’univers primordial ? Ce n’est pas de la science-fiction, c’est Apollon, une installation française bien réelle. Face à lui, même les dernières avancées américaines paraissent timides. Voici pourquoi ce laser change les règles du jeu scientifique.
La France pulvérise un record mondial avec Apollon, le laser plus puissant jamais crée
Par Zineb Mouhoubi
Publié le 21/04/2025 à 11:05
Alors que les États-Unis viennent d’annoncer la création d’un laser atteignant un petawatt, la France reste solidement en tête avec Apollon, une machine capable de générer des impulsions dix fois plus puissantes. Ce laser unique, situé près de Paris, n’est pas seulement un exploit scientifique : il représente aussi un symbole de souveraineté technologique. Dans un contexte de compétition mondiale autour des lasers ultra-intensifs, Apollon confirme le rôle moteur de la France dans l’exploration des limites de la matière et de l’énergie. Mais jusqu’où peut aller la lumière française ?
La France conserve la technologie la plus puissante au monde avec apollon
Le système Apollon, situé près de Paris, reste aujourd’hui le laser le plus puissant jamais construit, avec une capacité de 10 pétawatts atteinte en focalisant des impulsions ultra-brèves. Ce projet, soutenu par des laboratoires européens et des industriels comme Thales, est utilisé pour simuler des environnements astrophysiques extrêmes, accélérer des particules ou encore étudier les interactions dans des plasmas denses.
Les impulsions générées par Apollon durent quelques femtosecondes seulement, mais concentrent une énergie sans équivalent. Cela permet aux chercheurs de reproduire des conditions physiques proches de celles du cœur des étoiles ou des premiers instants de l’univers. Cette compétence fait du laser un outil central dans l’étude des forces fondamentales de la nature.
Apollon n’est pas une installation isolée : il s’inscrit dans un écosystème scientifique européen et fonctionne déjà comme plateforme opérationnelle. Contrairement aux prototypes en phase d’expérimentation, Apollon est intégré à des programmes de recherche appliquée et indispensable, confirmant le leadership technologique français dans le domaine des lasers à haute intensité.
are there 4+ turbo pumps attached to this big chamber 😭
(main vacuum chamber of the Apollon laser facility, in Saclay, France) pic.twitter.com/Jr9NIaVUnt— outside five sigma (@jwt0625) April 14, 2025
SLAC ouvre une nouvelle voie vers les lasers extrêmes avec le free-electron laser
Au SLAC National Accelerator Laboratory (Californie), une équipe de chercheurs a franchi une étape inédite en générant un faisceau laser d’un pétawatt à partir d’un accélérateur de particules. Cette performance repose sur une méthode novatrice, appelée « flipper », qui accélère les électrons à des vitesses proches de la lumière, puis les comprime grâce à des impulsions radiofréquence et des champs magnétiques.
Les électrons ainsi traités interagissent ensuite avec un laser externe dans un undulateur magnétique, produisant une impulsion lumineuse brève, mais d’une intensité exceptionnelle. Ce dispositif a permis de générer des faisceaux d’électrons de 10 GeV, à la puissance de crête d’un pétawatt, sur des durées ultra-courtes.
Cette avancée permettrait d’explorer de nouveaux réimes d’interaction lumière-matière, notamment dans le vide quantique, un espace où les fluctuations énergétiques peuvent créer des particules virtuelles. Les chercheurs évoquent également le potentiel de cette technologie pour simuler des phénomènes astrophysiques ou reproduire des effets comparables à ceux observés à proximité des trous noirs.
Si le SLAC ne concurrence pas encore Apollon en termes de puissance absolue, son innovation marque un tournant dans la personnalisation dynamique des profils de faisceaux, ouvrant la voie à des expériences modulables dans de nombreux domaines scientifiques.