Vous pensez profiter d’un forfait généreux avec des gigas en pagaille ? Et si tout cela n’était qu’un énorme coup marketing ? En France, la consommation moyenne est six fois inférieure aux enveloppes proposées. Un modèle unique en Europe, qui pourrait bientôt être révolutionné par une nouvelle tarification… Explications.
Bientôt la fin des forfaits illimités ? L’État pourrait tout changer !

Les opérateurs multiplient les forfaits en illimité avec des enveloppes de données toujours plus grandes, bien au-delà des besoins réels des consommateurs. Face à cette tendance perçue comme un argument marketing plus qu’une nécessité, l’Ademe, Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie et certains experts appellent à une tarification plus progressive, voire à un encadrement législatif. On vous dit ce que l'on sait !
Forfaits illimités : une consommation moyenne très inférieure aux offres proposées
Les forfaits mobiles incluent désormais des volumes de données impressionnants, atteignant parfois 350 Go par mois. Pourtant, selon l’Autorité de régulation des communications électroniques (Arcep), la consommation moyenne des abonnés en France s’établissait à 17 Go par mois en 2024. Cette disparité souligne le caractère avant tout promotionnel de ces offres, qui misent sur des volumes élevés pour séduire les consommateurs.
Les opérateurs justifient ces forfaits généreux en avançant que les usages évoluent rapidement, notamment avec la vidéo en streaming et les jeux en ligne. Toutefois, dans la plupart des pays, les forfaits mobiles sont facturés selon une tarification plus proportionnelle, rendant les offres françaises atypiques. « Proposer 250 Go, c’est comme offrir du carpaccio à volonté dans un restaurant : personne n’en mangera trois assiettes ! » illustre Renaud Kayanakis, expert en télécoms chez Sia Partners.
Cette tendance a été largement initiée par Free Mobile, qui a poussé ses concurrents à s’aligner sur des enveloppes toujours plus grandes. Un acteur du secteur avertit : « Si demain un opérateur lance une offre à 2 000 Go, les autres suivront automatiquement. » Cette course aux gigas permet aux entreprises de justifier des prix stables tout en maintenant un positionnement compétitif.
💬 «La surenchère des gigas, une tendance marketing»
Les forfaits proposent des offres de plus en plus généreuses en data, très loin des besoins et de l’utilisation réels des consommateurs
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— Le Parisien (@le_Parisien) January 30, 2025
Un impact environnemental et une tarification progressive à l’étude
Au-delà des considérations économiques, l’augmentation des volumes de données pour les forfaits soulève des questions environnementales. Selon une étude conjointe de l’Arcep et de l’Ademe, le numérique représente 4,4 % de l’empreinte carbone nationale, et 46 % de cet impact provient de la consommation de données. L’usage de la 4G et de la 5G génère une empreinte dix fois supérieure à celle du WiFi, un facteur qui pourrait être mieux pris en compte dans la conception des offres mobiles.
Face à ces enjeux, l’Ademe envisage la mise en place d’une tarification progressive, où les abonnés paieraient en fonction de leur consommation réelle. L’objectif serait d’inciter à une utilisation plus raisonnée des réseaux mobiles et de favoriser le Wi-Fi lorsque cela est possible. « Si les forfaits deviennent plus granulaires, les consommateurs ajusteront leur usage », estime Renaud Kayanakis.
Toutefois, cette évolution risque de se heurter aux stratégies des opérateurs. Ces derniers hésiteraient à initier un tel changement, car cela reviendrait à montrer aux clients comment réduire leur facture. Un éventuel projet de loi pourrait être nécessaire pour faire évoluer le modèle actuel, mais sa mise en œuvre nécessiterait un consensus entre régulateurs, industriels et pouvoirs publics.