Des robots humanoïdes capables de courir 21 kilomètres ? Ce n’est plus de la science-fiction. À Pékin, ces machines à deux jambes ont pris le départ d’un semi-marathon officiel aux côtés de milliers d’humains. Entre chutes, dépassements et exploits inattendus, l’événement bouleverse nos certitudes sur l’avenir de la robotique.
Course folle à Pékin : des robots humanoïdes défient les humains sur 21 km
Par Aghiles Slamani
Publié le 20/04/2025 à 10:15
Pour la première fois, des robots humanoïdes ont participé à une course officielle avec des coureurs humains. À Pékin, le semi-marathon du 19 avril a vu une vingtaine de machines bipèdes tenter de boucler les 21 km aux côtés de 12 000 athlètes en chair et en os. Une démonstration technologique qui marque une nouvelle étape dans l’intégration des robots dans des environnements complexes.
Un défi technologique inédit dans la zone e-town
Le semi-marathon de Pékin du 19 avril 2025 s’est distingué par la participation, en parallèle des coureurs humains, d’une vingtaine de robots humanoïdes. L’événement s’est déroulé dans l’E-Town, un quartier de la capitale chinoise consacré au développement technologique, qui a profité de l’occasion pour démontrer l’état d’avancement de la robotique nationale. Les machines, de tailles et de poids variés (jusqu’à 88 kg), devaient courir sans roues, exclusivement sur deux jambes. Certaines étaient autonomes, d'autres pilotées à distance, avec pour objectif de tester leur stabilité, endurance et coordination sur un parcours comportant lignes droites, virages et inclinaisons.
Parmi ces compétiteurs métalliques, le robot Tiangong Ultra s’est imposé avec un temps de 2 heures et 40 minutes. Conçu par le Beijing Innovation Centre of Human Robotics, ce robot de 1,80 m pour 52 kg a franchi la ligne d’arrivée bien après le vainqueur humain (1h02'36), mais sans incidents majeurs. Son créateur, Tang Jian, a précisé que trois changements de batterie ont suffi à le maintenir en course. L’objectif affiché était triple : terminer la course, le faire avec un seul robot et rester sous les 3 heures. Les performances ont été rendues possibles grâce à des données biomécaniques recueillies auprès d’athlètes professionnels pour ajuster la foulée, la cadence et la posture du robot.
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Robots humanoïdes : entre avancée concrète et limites techniques
Malgré l’intérêt suscité, les limites techniques des robots ont été clairement visibles durant l’épreuve. Plusieurs machines ont rencontré des difficultés. L’une a chuté au départ, restant quelques minutes au sol avant de se relever seule. Une autre a percuté une barrière, déséquilibrant son opérateur. Tous les robots étaient suivis de près par leurs concepteurs, chargés d’intervenir en cas de besoin. Certains portaient des éléments distinctifs, comme des gants de boxe, des bandeaux rouges ou des chaussures de course, mais cela ne leur a pas conféré d’avantage mécanique.
L'événement a attiré l’attention du public et des experts. Pour certains observateurs, la scène rappelle les débuts de la course automobile, où des prototypes testaient leurs capacités dans des conditions réelles. Pour d’autres, elle symbolise le potentiel futur des robots dans des environnements complexes et potentiellement dangereux. Selon l’ingénieur Cui Wenhao (Noetix Robotics), la capacité à marcher sur différents types de terrain pourrait permettre à terme de remplacer l’humain dans des tâches à haut risque. D’après des estimations relayées dans le reportage de France Télévisions, trois à quatre milliards de robots humanoïdes pourraient être en service dans le monde d’ici trente ans.
Cette première confrontation officielle entre humains et robots en compétition sportive représente moins un défi pour les coureurs qu’une vitrine technologique destinée à affirmer la position de la Chine dans la course mondiale à la robotique et à l’intelligence artificielle.